J’avoue, j’ai les boules.
À peine avais-je terminé ma journée de boulot, ce 19 octobre, que j’apprenais, un peu après 13h, par un SMS de mon ancien rédac’chef, Julien Gonthier, que l’ex-directeur de publication du Progrès Social (LPS), Laurent Lacoste, était enterré ce jour.
J’avoue, ça m’en fiche un sacré coup. Pas seulement parce que j’envisageais, après de nombreux mois sans contact (l’aventure LPS a été éreintante et nécessitait de laisser chacun/chacune vaquer à ses occupations), de rappeler le syndicaliste convaincu et opiniatre pour quelque échange anodin (ou pas) en lien (ou pas) avec mon activité professionnelle actuelle. Mais aussi et surtout parce qu’à l’annonce de ses obsèques, me sont remontés, en tornade, les moments de tempête comme les moments poétiques de nos échanges journaliers durant les dix mois de l’aventure du quatre pages (ou huit le week-end avec le supplément « Les Jours heureux ») « de celles et ceux qui construisent le progrès social au quotiden. »
Faute de moyens financiers, l’aventure s’est achevée fin octobre 2016. Faute d’argent d’accord. Mais pas faute de volonté. En effet, Laurent a mis dans cette aventure une énergie impressionnante. Je me rappelle des nombreux échanges autour de la machine à café ou devant nos claviers. Clavier et ordinateur que Laurent aimait tant insulter comme l’écrira, avec tendresse et talent, Aurélie Edet dans le dernier numéro d’LPS. Parler d’Higelin, d’Alice Cooper, des « années métal », de Léos Carax – sujet de discorde fraternel avec le rédac’ chef – , de Lavilliers, « s’affronter » sur le rôle de Régis Debray dans le contexte politique et sur la confusion souveraniste ou débattre de la situation internationale à laquelle Laurent était très sensible – je me rappelle de notre échange sur les camarades du secteur automobile en Turquie qu’il avait rencontré -, de réfléchir au meilleur titre pour son article ou pour la Une, de parler Littérature ou Histoire avec Rachel Haller…) ou lors de pots pris en amont ou en aval des manifestations contre la « Loi travail » (et ses rejetons) comme autant de repérages pour mieux comprendre la stratégie gouvernementale sur le terrain. Autant de moment où Laurent faisait preuve d’une réelle écoute sans pour autant renoncer à ses convictions, à ce qu’il appréciait, à ses passions, à ce qui l’animait : transformation la société, faire la révolution, pour une société égalitaire, libertaire, solidaire.
En apprenant la mort et les obsèques de Laurent, mon camarade, je ne peux m’empêcher de penser à la tristesse de sa maman. Mère qu’il aimait tant et retrouvait à chaque fois que possible ; au chagrin de ses soeurs dont il parlait avec affection ; à sa nièce impliquée dans le mouvement contre la « Loi travail » et qui venait de décrocher je ne sais plus quel diplôme ce dont il était très fier ; à ses amis et camarades (dont Julien).
À toutes et tous, je présente mes sincères condoléances.
Pour clore cette réaction à chaud, en écrasant mes larmes, je vous invite à lire l’hommage de Solidaires Industrie. Structure pour laquelle il a consacré beaucoup d’énergie.
Apprendre ta mort est une nouvelle bien triste.
Salutations révolutionnaires, cher directeur.